L’ÉDITORIAL
du SITE
EDITO N°13 |
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30 août
2008 |
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Le Mémorial, un rempart contre
l’oubli, vraiment ? L’oubli Depuis
l’immédiat après-guerre, le Mémorial des batailles de la Marne est un
rempart contre l’oubli [1] . Dans
ce cadre, l’association du Mémorial, dans ses statuts, a pour objet de
« glorifier la mémoire des héros morts pour la patrie (...) en
continuant d’organiser des cérémonies traditionnelles ». Ce
28 août 2008, c’était le 64ème anniversaire de la libération
de Dormans. Cette année, il n’y a pas eu de commémoration
à Dormans. Ce
28 août 2008, l’association a oublié, l’association a failli. L’oubli du rempart ? Ne
serait-ce pas à la ville de Dormans, aussi, de commémorer cette date ?
Pourquoi, me direz-vous ? parce
que des soldats américains sont morts sur ses terres ce 28 août 1944, parce
que des soldats ont libéré la ville, ce jour-là, parce
que la ville est propriétaire de ce haut-lieu de mémoire qu’est le
Mémorial. « Je suis triste et
honteux » C’est
ce que j’ai écrit hier à un de mes correspondants américains. Avec
le recul, je me dis que je n’ai pas à être honteux. Mais
oui, je suis triste, pour
John Michalik, pour
Henri Lemke, pour Edward J. Clinton. - Pour
John Michalik, killed in action, 28 August, 1944 in Dormans, France [2] Il
y a quelques jours, j’ai reçu ceci (traduction à la suite), This is the personnel file for Cpl.
John M. Michalik. Cpl. John M. Michalik was from Detroit,
Michigan. He was the Gunner for the tank crew in charge of tank
#W-3036627. They were in C Company, 40th Tank Battalion. Here's the crew list: Sgt. Peden, Richard L.(Army Service Number 14
038 314) Tank Commander Cpl Michalik, John M. (Army Service Number 36
167 836) Gunner T/5 Thomas, Homer (Army Service Number 38 106
044) Driver Pfc Bell, John F. (Army Service Number 34 264
211) Gun Loader Pfc Skelton, Paul (Army Service Number 37 180
290) Bow Gunner John Michalik was killed 28 August, 1944 in Dormans, France. (…) Here's Paul Skelton's account: 'We were one of a column of tanks and had
stopped because a bridge was blown out just in front of us. After a few
minutes a shot was fired and I just happened to be looking in that direction,
it was to our left. Cpl Michalik was turning his gun, but before
he could get it on the spot a second round hit us just above the track on the
left side, passing through and getting our ammunition rack. Immediately
a fire started and I crawled out and rolled into a ditch on the right of
the road. I could see the driver T/5 Homer Thomas come out, then the
tank commander, Sgt. Richard L. Peden came out next. The last man out
was the assistant gunner, Pfc John Bell. Peden and Bell were badly cut
and soon the medics came up in a jeep to take care of them. I did not
see Cpl. John Michalik get out at any time. I am sure Cpl. Michalik is
dead because the fire was coming out of all the hatches and I laid in a ditch
for a good five minutes after we were hit and no one could get up on the
tank.'. (…) John Michalik was MIA for almost a year
before he was officially declared KIA. No trace of him was found.
John Michalik's name is on a Memorial Wall in the Ardennes Cemetery, but he
has no grave. Traduction Ceci est la fiche individuelle du caporal John M. Michalik.
Le caporal John M. Michalik était originaire de Détroit, Michigan. Il était canonnier en charge du char #W-3036627. Il était à la Compagnie ‘C’, au 40ème Bataillon de chars
Voici la liste de l’équipage : Sergent Peden, Richard L. (Matricule 14 038 314), commandant du char Caporal Michalik, John M. (Matricule 36 167 836), canonnier Technicien Thomas, Homer (Matricule 38 106 044), conducteur 1ère classe Bell, John F. (Matricule 34 264 211), chargeur 1ère classe Skelton, Paul (Matricule 37 180 290), mitrailleur
John Michalik fut tué le 28 Août 1944 à Dormans, France. (…) Voici le rapport de Paul Skelton: 'Nous avancions en colonne et nous nous sommes arrêtés car un pont avait été détruit, juste devant nous. Après quelques minutes, un coup de feu a été tiré et, je regardais justement dans cette direction, cela venait de notre gauche. Le caporal Michalik manoeuvra aussitôt son canon, mais avant qu’il ait pu ajuster, un second coup nous atteint juste au-dessus des chenilles sur le côté gauche, traversant la paroi et atteignant le casier à munitions. Un incendie s’est déclaré immédiatement, je suis sorti en rampant et me suis jeté dans un fossé sur la droite de la route. J’ai pu voir sortir le conducteur Homer Thomas, puis le commandant de char, Sergent Richard L. Peden est sorti ensuite. Le dernier à sortir fut l’assistant canonnier, 1ère classe John Bell. Peden et Bell étaient salement touchés et rapidement l’équipe médicale est arrivée en jeep pour les soigner. À aucun moment, je n’ai vu sortir le caporal John Michalik. Je suis certain que le caporal Michalik est mort car les flammes sortaient par toutes les écoutilles et que je suis resté étendu dans le fossé pendant cinq bonnes minutes après le tir et personne n’aurait pu en sortir.' (…) John Michalik fut porté disparu (Missing in Action) pendant presque un an avant d’être officiellement déclaré ‘mort au combat’ (Killed in Action). Aucune trace de lui n’a été retrouvée. Son nom est gravé sur un Mur de Mémoire dans un cimetière des Ardennes, mais il n’a pas de tombe. Il
y a donc à 6000 km d’ici des hommes qui pensent encore à eux. Et
nous, nous ne l’avons pas fait. - Pour Henri Lemke,
killed in action, 28 August, 1944 in Dormans, France Parce
qu’en juin 2007, un homme est venu du Minnesota, honorer son oncle,
Henri Lemke, tombé le même jour que John Michalik. C’était
un moment important pour lui et nous étions quelques-uns à
l’accompagner. Il
avait traversé l’Atlantique et avait regretté qu’aucun édile ne
traverse la ville pour se joindre à son hommage. - Pour Edward J.
Clinton, killed in action, 28 August, 1944 in Dormans, France À ce jour, il semble que le troisième et dernier
soldat tombé à Dormans soit identifié : technicien Edward J. Clinton,
matricule 32226547, probablement le conducteur du véhicule de H. Lemke,
appartenant comme lui au ‘HQ Company Recon Platoon’ (section de
reconnaissance). source : http://www.7tharmddiv.org/docrep/N-40-AAR.doc Le rempart contre l’oubli,
c’est aussi nous ! « Dès que je passerai à Dormans,
j’irai poser une fleur à la mémoire de John, Henri et
Edward. » C’est
ce que j’ai ajouté, en fin de message, à mon correspondant américain. |
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Rappel des ANCIENS ÉDITOS
Edito n° |
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20 janvier 2007 |
Pourquoi un site sur le Mémorial ? |
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7 mars 2007 |
Venez découvrir ce qu’ils ont vécu ‘dans la
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2 avril 2007 |
Début de la saison 2007 |
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1er mai 2007 |
Un début de saison dynamique |
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11 juin 2007 |
Trois occasions de venir nous voir |
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10 juillet 2007 |
Ils sont tombés à Dormans |
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L’hiver est fini |
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[1] C’est Monseigneur TISSIER, dans les années 1920 qui a fait de cette formule la devise du Mémorial : « C’est un devoir, répète-t-il souvent, de garder le souvenir de ceux dont l’héroïsme nous a valu la victoire et c’est pourquoi nous avons élevé ce Rempart contre l’oubli. »
[2] Tué au combat, le 28 août 1944 à Dormans, France