Les deux Batailles de la Marne
La première bataille de la Marne, du front du Nord
à l’Est
La débâcle La
guerre est déclarée depuis le 1er août 1914, il y a quelques jours
seulement. Les
événements essentiels au début de la Grande Guerre se déroulent dans le
nord-est de la Belgique : L'attaque de Liège débute, en effet, dès le 5 août
(sans que l'armée française ne porte l'attention que mérite cet acte
militaire) et les dernières forteresses tombent le 16 du même mois. La Ière et la IIème
armées allemandes, sous les ordres respectifs de Von Kluck et Von Bülow,
glissent vers l'ouest en passant entre la frontière néerlandaise au nord et
Liège au sud. Le
20 août, les deux armées impériales déclenchent la bataille de la Sambre et
prennent ainsi Bruxelles, provoquant une brèche dans le front où les
allemands se précipitent. Pendant
ce temps, la IIIème armée parvient sur la Meuse à hauteur
de Dinant. Dès le 23 août, la défaite des alliés est effective. Alors,
durant douze jours du 24 août au 5 septembre 1914, les alliés se replient,
gênés dans ce mouvement par les populations fuyant l'approche des armées
allemandes. À
Nanteuil-le-Haudouin, la Ière armée impériale est proche
d’anéantir la 6ème armée française, Maunoury envisage de se
replier sur Paris et partout, nos troupes françaises sont à l’agonie.
Les français en déroute, Paris menacé, alors que le gouvernement envisage de
quitter Paris, qui aurait pu imaginer qu'une bataille décisive allait se
dérouler dans la vallée de la Marne dans les jours suivants ? En
fait, l'ordre progressivement se rétablit au sein de l'armée française, entre
autre, grâce à la révocation de cadres militaires dépassés. L'ordre
rétabli, une question se pose : d'où lancer la contre-offensive ? Les
généraux étaient partagés sur la question, lorsque le 3 septembre,
l'état-major français est informé que la Ière
armée de Von Klück ne se dirige plus vers Paris, mais vers la Marne,
accompagnée par la IIème
armée de Von Bülow et la IIIème
armée de Von Hausen. « Coûte que coûte, garder le terrain ... » À
Dormans comme ailleurs, la Marne est sur le point d’être franchie et la
population a pris le chemin de l’exode. Alors
que la victoire allemande pourrait sembler entendue, que les militaires
tergiversent pour savoir s’ils vont attendre l’ennemi sur la
Seine, le Général Joffre prend le 4 septembre au
soir une décision courageuse, l’arrêt de la retraite, coûte que coûte,
et le lancement d’une contre-offensive sur une ligne Dommartin-en-Goêle
/ Verdun. C’est décidé, on ne reculera plus d’un pas ! "
Eh bien, messieurs, on se battra sur la Marne ! " De cette phrase vient sans doute la
dénomination de la bataille de la
Marne, même si le front de résistance s’étend sur 300 kilomètres. L'offensive
française est fixée pour le 6 septembre, par un ordre du jour resté célèbre. «
Aux Armées, ... Au moment où s'engage une bataille dont
dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est
plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à
attaquer et refouler l'ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra,
coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les
circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée ». Ainsi, les armées françaises et britanniques effectuent une
volte-face, "la plus formidable empoignade de la guerre commence alors
entre soldats fourbus". La
bataille durera du 6 au 9 septembre. Un retournement qui tient
à une série d’ « inattendus » Dès
lors, de part et d'autre, les combats sont
acharnés. L'offensive
allemande se heurte à un front uni, mais encore fragile : à l'ouest avec les armées
de Maunoury (qui défendent Paris sous la supervision de Gallieni), de French
et de Franchet d'Esperey, et à l'est, avec l'armée dirigée par Sarrail. Ce
dernier doit attaquer le flanc allemand le long de l'Argonne alors qu'au
centre, Foch et de Langle de Cary ne peuvent que résister aux offensives
allemandes "coûte que coûte". Au
7 septembre, le front alsacien est fixé, mais de Verdun à Provins, la
situation s'avère délicate : la 4ème armée de de Langle de Cary,
sur Vitry-le-François, est séparée des deux autres armées françaises par des
brèches. Il faut donc absolument empêcher la IIIème armée de Von
Hausen de percer ce front instable. C’est à cette date que se situe l’épisode
des « taxis
de la Marne » : 1300 taxis et leurs 5000 passagers
iront de Paris à Nanteuil-le-Haudoin. cette épopée est considérée comme
décisive, mais il s’agit d’abord d’une manoeuvre stratégique
à un moment difficile. Plus que le résultat -limité- de cette action
inhabituelle, la population retiendra le symbole d’unité et de fierté
nationales. Étonnamment,
le 8 septembre, le lieutenant colonel Hentsch, simple délégué de Moltke,
commandant en chef de l'armée allemande, va changer le cours de
l’histoire. Il convainc Von Klück de rompre le combat pour déplacer des
troupes encore plus à l’est. Il n’y a pourtant aucune raison. Est-ce
cette erreur de stratégie ? Ou est-ce l’apport de forces
vives par les taxis ? Ou bien un simple effet sur le moral des
troupes ? Toujours est-il que, sur le front ouest, les troupes
allemandes prêtent le flanc aux troupes retranchées autour de Paris et
l'offensive de Maunoury s'avère déterminante : désorganisant sur ce coté,
l’armée de Von Klück n’est sauvée que par l’envoi massif de
renforts de l’armée impériale. Mais au moins, la situation est
renversée, car Von Klück qui s’était aventuré bas, jusqu’à
Coulommiers, doit reculer. Pour ces hommes, ce seront, du 7 au 9, trois terribles journées dans
la Vallée de l’Ourcq. De
son côté, Franchet d'Esperey a créé une brèche entre les armées de Von Klück
et de Von Bülow. en dessous de Montmirail. Le
lendemain, 9 septembre, la 9ème armée de Foch, qui ployait dans
les marais de Saint-Gond sous les offensives de la dernière chance de Von
Hausen, stabilise à son tour la situation en ce point du front. Le Mémorial de Mondement, près de
Sézanne, matérialise le point d’avancement maximum de cette offensive
allemande. De
fait, le 9 au soir, notre ligne de front ne recule plus nulle part, les trois
armées allemandes, déstabilisées par l’énergie des français, et
quelques décisions étonnantes, sont toutes en phase de repli. - o O o - De
fait, le 13 septembre, les allemands se repositionnent sur Soissons et sur
l’Aisne, dans des positions préparées à l’avance, mais la menace
sur Paris est retombée. Le
retournement qui vient de s’opérer sonne la victoire française. La
victoire, ... pour cette bataille. Il reste encore beaucoup de choses à
faire. La première, peut-être pas la plus
importante, mais symptomatique d’une France un instant dépassée, est le
changement d’uniforme. La
première bataille de la Marne est une victoire décisive, mais insuffisante. Le
front va s’étendre dans une effrénée ‘course à la mer’,
puis le conflit va s’enliser 4 ans. - o O o - D‘autres lectures
sur cette première bataille de la Marne : v Sur « Chemins de mémoire » : http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=2500 v Sur l’encyclopédie Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Première_bataille_de_la_Marne |
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